La création artistique est une pulsion de vie, le festival ManiFeste lui donne libre cours, dans une édition exceptionnellement programmée du 31 août au 13 septembre. Rouvrant la Grande salle du Centre Pompidou, le festival international de l’Ircam renoue avec les artistes et les spectateurs à Beaubourg comme à La Villette, à la Philharmonie de Paris ou au Théâtre de Gennevilliers. Manifeste pour l’art qui, seul, crée la différence et la sensation, les mondes possibles et l’individuation, manifeste pour la vie qui n’est pas la survie. En une quinzaine de concerts et installations, où cohabitent le vivant et l’artifice, la jeune création et l’ombre portée des pionniers, notre rendez-vous de 2020 expose les pouvoirs du son et les sortilèges de la voix.

 

Quand dire ou chanter, c’est faire et convaincre ! Parmi les voix de ManiFeste, Juliet Fraser, Sarah Maria Sun, Agata Zubel, Otto Katzameier mais aussi Billie Holiday, Édith Piaf et Elisabeth Schwarzkopf, archives redevenues vivantes. L’alliance inespérée entre la langue et le son, traverse les portraits de Rebecca Saunders et de Stefano Gervasoni, la rhétorique des affects mobilise Marta Gentilucci ou Salvatore Sciarrino. Les voix du festival sont aussi celles de la fiction avec Maylis de Kerangal, Céline Minard et Annie Ernaux. L’Ircam lance ainsi sa collection des Musiques-Fictions, où la musique est tout sauf fictive. Mobilisant autrices, compositeurs, metteurs en scène et acteurs, les Musiques-Fictions invitent à une écoute immersive et collective. Au texte, toute l’intelligibilité ; à la musique, une chambre à soi, un monde en soi.

 

Dans le cataclysme culturel provoqué par la crise sanitaire, l’Ircam agit sur le court terme de la vie artistique immédiate grâce aux alliances nouées en France et en Europe ; sur le long terme des habitudes culturelles bouleversées. ManiFeste-2020 s’est ainsi doté d’une deuxième scène virtuelle: certains rendez-vous publics seront filmés et diffusés en différé avec une spatialisation binaurale du son. L’Ircam s’est simultanément doté d’une société, Ircam Amplify, pour porter la révolution de l’audio dans le quotidien. À côté des puissances de l’art, les pouvoirs du son touchent aujourd’hui des domaines insoupçonnés, industries culturelles et créatives, robotique, luxe et design sonore, mobilité, soins et santé… À partir d’une même source (le laboratoire scientifique, l’atelier d’artiste), un delta s’élargit pour la décennie à venir.

 

Frank Madlener, directeur de l’Ircam