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Michel Foucault © F. Viard / Gamma

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ManiFeste-2014 à l'Ircam

du 11 Juin 2014
au 10 Juillet 2014
Rendez-vous de la création et de l’émergence à Paris, ManiFeste replace la musique dans le champ des « arts du temps » (théâtre, danse, cinéma, arts visuels en scène, arts numérique…).
PRESSE. Transgresser : affirmer simultanément la limite et son effraction, la finitude et l’excès, la loi et le désir. Ce geste esthétique, philosophique et politique aiguise le festival et l’académie pluridisciplinaire de l’Ircam, ManiFeste-2014.
affiche
 
Quelles transgressions aujourd’hui qui ne soient ni l’avatar des années soixante-dix, ni le scandale éphémère s’abîmant dans la convention – une morne dialectique -, ni le subversif institutionnalisé ? Parmi les singularités sauvages de ManiFeste-2014, Pierre Guyotat porté par Stanislas Nordey, Georges Aperghis croisant Samuel Beckett, la voix de Michel Foucault ou encore la figure du chef-compositeur (George Benjamin, Péter Eötvös, Matthias Pintscher) transgressant la séparation somme toute récente entre interpréter et concevoir.
 
Que sommes-nous capables de voir et de dire, donc d’entendre, qui énonce pleinement notre temps ? La pensée de Foucault, prodigue en rupture d’évidences, constitue ici un ressort précieux. Trente ans après sa mort, le philosophe des forces du pouvoir, des strates du savoir et de la gouvernance de soi est « mis sur écoute » lors d’une rencontre internationale et d’une création sonore. Son célèbre panoptique, permettant de voir sans être vu, aura par ailleurs inspiré le spectacle multimédia Luna Park de Georges Aperghis, un dispositif de surveillance et d’autosurveillance à l’heure de la NSA.
 
Transgresser la séparation entre les « mots et la chose » par le sonore ? L’imaginaire de Pierre Guyotat, le plus musicien de tous les poètes français, noue directement l’humain à l’animal, le noble à l’ignoble, la fiction au réel, le langage à la sexualité, par l’invention d’un verbe dégagé de tous les impératifs de la société. Contre l’indicible propre au XXe siècle, le rythme de la langue et l’ampleur de l’épopée. Il faut pouvoir donner un nom à l’obscur car « il y a toujours un mot pour dire le pire » ; il faut pouvoir impulser un phrasé, nécessité d’écrivain et de musicien. Georges Aperghis sollicite sur ce point l’écriture par la soustraction de Beckett pour inventer un « temps bis », qui soit tout à la fois concert, lecture inédite et scène sonore.
 
Transgresser l’écart entre discursif et non-discursif ? Cette ligne de fracture traverse les rendez-vous et les concerts du festival. L’effraction du geste ou la longue perspective de l’harmonie, les fulgurances de l’instant (Raphaël Cendo, Chaya Czernowin, ou l’ombre portée de Xenakis), ou le primat harmonique, constitutif de la durée pour George Benjamin, Georg Friedrich Haas et Philippe Leroux, celui-ci glissant sans cesse de la texture à la figure.
 
Mais quelles transgressions pour l’Ircam en 2014 ? Il s’agit d’enfreindre les cadastres entre le savant et le praticien, entre l’humain « préservé » et la technique « aveugle », deux épithètes erronées. Un antagonisme similaire opposait déjà Rameau, tête pensante, à Rousseau, « mélodiste du cœur ». À chaque époque, sa querelle de bouffons ! L’enjeu d’avenir est précisément l’alliance intime de l’intelligible et du sensible, de l’invention scientifique et artistique. La transgression suprême pour le laboratoire de la place Stravinsky, n’est-ce pas aujourd’hui ce monde de l’électronique, s’émancipant de l’instrumental comme de la maigre trouvaille sonore, induisant de nouvelles manières d’exister sur les scènes du spectacle vivant, de nouvelles manières d’écouter et d’écrire ? Portes ouvertes sur un ManiFeste électronique et plus encore, électrique, avec pour devise l’une des injonctions de l’ami de Foucault, Gilles Deleuze : « n’interprétez jamais, expérimentez ! »
 
Frank Madlener

 

Publié par Benoît Montigné

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BIOGRAPHIE(S)

ARTISTE /

Robert Henke

Robert Henke est un musicien allemand de musique électronique à l’origine du projet Monolake. Depuis 1997 il est également le gérant du label Imbalance Computer Music (anciennement Imbalance Recordings) et depuis 1999 du label Monolake/Imbalance Computer Music [ml/i].

ARTISTE /

Georges Aperghis

Georges Aperghis explore le son de la parole d'une manière originale. Intéressé particulièrement par le théâtre musical (sa première pièce, La tragique histoire du nécromancien Hiéronimo et de son miroir, date de 1971) ; des œuvres comme De la nature de l'eau, Jacque le fataliste ou Histoire de loup « ont accumulé chausse-trapes et double-sens, et agencé malicieusement des labyrinthes de discours superposés et d'actions simultanées, afin de chasser l'évidence rationnelle, de brouiller les codes ou de détourner l'attention » (Daniel Durney).

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