Vernissage: Dimanche, 7 Juin 2015 de 12H à 18H

La Galerie Thaddaeus Ropac présentera cet été une exposition personnelle de Cory Arcangel, artiste américain né à Buffalo (États-Unis) en 1978. Arcangel s’est fait une réputation internationale dès les années 2000 grâce à des performances innovantes, des vidéos et des projections numériques. Arcangel est considéré comme le pionnier d’une génération d’artistes qui se sont consacrés à l’archéologie des technologies numériques. Super Mario Clouds (2002) aura par exemple marqué les esprits lors de l’exposition America is Hard to See du nouveau Whitney Museum of American Art à New York (États-Unis).

Ces dernières années, la généalogie de morceaux de musique pop devenus cultes, la conscience de l’évolution et de l’histoire des instruments de musique électronique, l’archivage de la musique et le croisement entre les sphères de la musique pop et de la musique classique occupent une place de plus en plus centrale dans l’œuvre d’Arcangel. C’est dans ce contexte notamment que la série de concerts Dances for the Electric Piano, des compositions écrites par l’artiste, a été donnée de 2013 à 2015, entre autres, à l’ICA de Londres (Royaume-Uni), à la Philharmonie de Berlin (Allemagne), au Mumok de Vienne (Autriche) et à l’Ecole supérieure de l’Audiovisuel et du Cinéma (HFF) de Munich (Allemagne). Dans ses compositions, Arcangel joue avec notre connaissance inconsciente et collective du son du synthétiseur Korg M1 des musiques house et techno des années 1990, un son qui n’a cessé de perdre en importance dans la musique électronique depuis les années 2000. 

La sculpture PSK (2014), l’une des trois œuvres de l’exposition, remplit une fonction similaire. Elle se compose d’une boîte à rythmes de type Roland TR-909 avec un rythme préprogrammé rendu célèbre grâce à un morceau de 1985, P.S.K. What Does it Mean? composé par Schooly D, un rappeur originaire de Philadelphie. Il s’agit d’un des beat les plus réutilisés dans la musique allant de 1985 jusqu’au début des années 1990. P.S.K. What Does it Mean? est considéré comme l’un des morceaux les plus marquants du début du rap hardcore et gangster, dont les textes faisaient directement allusion au sexe, à la drogue et à l’usage des armes, ce qui était inhabituel à l’époque. Ce rythme est diffusé en boucle par la machine et emplit la salle d’exposition d’un son lancinant. Lors d’une discussion publique avec Hans-Ulrich Obrist, organisée à Munich en mai 2015, Arcangel indiquait que ses œuvres étaient toujours un protest about forgetting (protestation contre l’oubli). Pour Arcangel, les technologies seraient des modes et le but de ses œuvres serait de sauver des technologies obsolètes de l’oubli.

La seconde œuvre de l’exposition est l’installation AUDMCRS Underground Dance Music Collection of Recorded Sound (2011-15). De 2011 à 2012, l’atelier Cory Arcangel de Brooklyn a archivé 839 albums trance et  underground  acquis auprès du légendaire DJ Joshua Ryan. The AUDMCRS Underground Dance Music Collection of Recorded Sound est une archive de ces albums que les visiteurs peuvent consulter en écoutant chaque maxi 45 tours tout en feuilletant un livret contenant toutes les données essentielles, (format, taille, vitesse, production, etc.) de chaque enregistrement. Le projet met en évidence une obsession personnelle pour la collection, ainsi que l’intérêt que porte Arcangel à préserver une histoire culturelle en relation avec son travail et sa vie. « On dit que la musique que l’on a écoutée adolescent, est et restera toujours la plus importante pour le reste de notre existence. », (Arcangel, 2011). « Pour moi, cette musique, c’est la techno – l’ère de la machine, du disco bon marché, purement instrumental, devenu célèbre dans les clubs de Chicago à la fin des années 80  et qui s’est très vite répandu dans le monde entier » (Arcangel, 2011). AUDMCRS Underground Dance Music Collection of Recorded Sound a été montrée à la Carnegie Library de Pittsburgh (USA), à la Fondation DHC/ART de Montréal (Canada), au Herning Museum of Contemporary Art (Danemark) et au Musée des beaux-arts de Reykjavik (Islande), elle est également accessible en ligne : http://audmcrs.coryarcangel.com.

Le tube de Kelly Clarkson, Since U Been Gone, de l’année 2004 sert d’arrière-plan aux sérigraphies sur feuille d’argent intitulées  SUBG (2011), également visibles dans l’exposition. Depuis de nombreuses années, Arcangel s’intéresse à la généalogie d’un morceau qu’il considère être le moment décisif où le Punk a fini par s’intégrer entièrement dans la musique Mainstream américaine. À la fin des années 2000, Arcangel a commencé à collectionner les CDs qui référaient au tube de Kelly Clarkson.

Sa collection a été présentée lors de sa dernière exposition Image is Everything à la galerie du Marais, à Paris, en 2010. Les impressions numériques présentes dans l’exposition représentent les faces d’une sélection de CDs issus de cette collection.

L’exposition sera accompagnée d’un concert qui aura lieu dans nos espaces de Paris Pantin, le dimanche 7 juin à 12h. Ce sera une collaboration exceptionnelle entre Cory Arcangel et l’Ensemble Intercontemporain. Créé par Pierre Boulez en 1976, cet ensemble mondialement célèbre se consacre entièrement à la musique de chambre contemporaine. Depuis janvier 2015, l’Ensemble Intercontemporain est domicilié à la Philharmonie de Paris, au nord-est de la ville. Il jouera des morceaux de Cory Arcangel composés pour cette occasion ainsi que des œuvres de Claude Debussy, Wolfgang Amadeus Mozart/ Daniel Glatzel/ Johannes Schleiermacher et Anton Webern.

Cory Arcangel est titulaire d’un Bachelor of Arts en guitare classique de l’Oberlin Conservatory of Music, Ohio (États-Unis). Il pratique la guitare en tant qu’artiste depuis 2000. Arcangel fait appel aux médias les plus divers : composition, vidéo, détournement de jeux vidéo, performance et internet.  Parmi ses projets récents, nous citerons Arcangel Surfware (2014), des impressions commerciales sur des produits tels que des draps, des pochettes d’iPads et des magazines; Working on My Novel (2014), publié chez Penguin Books, est un vaste projet de recherche en association avec une équipe de spécialistes en informatique du Carnegie Mellon Computer Club, en collaboration avec le Andy Warhol Museum, le Carnegie Museum, et le Carnegie Studio for Creative Inquiry pour faire resurgir les expériementations numériques disparues de Warhol.

Arcangel est un des plus jeunes artistes ayant eu une exposition personnelle au Whitney Museum of American Art, New York (États-Unis, 2011). Il a récemment exposé en solo à la Galleria d’Arte Moderna e Contemporanea de Bergame (Italie, 2015), au Musée des beaux-arts de Reykjavik (Islande, 2015), au Herning Museum of Contemporary Art (Danemark, 2014), à la Fondation DHC/ART de Montréal (Canada, 2013), au Carnegie Museum of Art Pittsburgh (États-Unis, 2013), à la Barbican Art Gallery de Londres (Royaume-Uni, 2011), à la Nationalgalerie - Hamburger Bahnhof de Berlin (Allemagne, 2010) et au Museum of Contemporary Art de Miami (États-Unis, 2010).

Le prix Kino der Kunst lui a été décerné en 2015 pour son œuvre filmée.

Ses œuvres sont présentes notamment dans les collections de la Albright-Knox Gallery de Buffalo (États-Unis), de la collection Essl de Vienne (Autriche), du Fonds Régional d’Art Contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur de Marseille (France), du Miami Art Museum (États-Unis), du Migros Museum für Gegenwartskunst Zurich (Suisse), du Museum of Contemporary Art North Miami (États-Unis), du Museum of Modern Art New York (États-Unis), de la Neue Nationalgalerie, à Berlin (Allemagne), du Smithsonian Museum of American Art, à Washington D.C. (États-Unis), de la Tate Gallery de Londres, de l’University of Michigan Museum of Art Ann Arbor (États-Unis) et du Whitney Museum of American Art, New York (États-Unis).